Entretien à bâtons rompus entre Grâce Nsamu de la Rédaction Interkinois et l’opposant Alain Bolodjwa qui donne ses avis sur les sujets brulants de l’actualité et la gestion politique de Félix Tshisekedi.
Interkinois : Bonjour Monsieur Bolodjwa. Merci de nous accorder cette interview. Tout le monde sait que vous vous opposez au pouvoir de Tshisekedi. Est-ce que nos lecteurs peuvent savoir pourquoi exactement ? Que reprochez-vous au Président de la République ?
Alain Bolodjwa : De prime abord, je voudrai m’acquitter d’un agréable devoir, celui de vous remercier pour l’opportunité que vous m’offrez en ce jour.
Loin de moi l’idée de me satisfaire du statut d’opposant à Félix Tshisekedi. De la même manière qu’il est devenu accidentellement au pouvoir, de la même manière que je me retrouve dans l’opposition. Tout cela part du fait que monsieur Kabila et lui, se sont permis de détourner la volonté de notre peuple à doter à nos institutions des animateurs de qualité en vue de favoriser la mise en orbite au développement de notre pays. Il aurait été supportable si seulement cette forfaiture avait tenu compte de la qualité de l’homme, hélas.
En bref, retenez que je ne m’oppose ni contre le pouvoir ni contre la personne de Félix Tshisekedi, mais plutôt contre les tares qui entourent son accession au pouvoir et ses insuffisances à gouverner.
IK : Pourquoi ne pas donner le bénéfice du doute à Félix Tshisekedi qui tente tant bien que mal de diriger le pays, selon ses fanatiques ? Êtes-vous objectif dans votre opposition selon les besoins et impressions de la population ?
AB : Vous savez, le fanatisme a toujours eu un sens péjoratif, justement parce qu’il est caractérisé par une aliénation volontaire et surtout une vacuité de pensée. Et donc l’avis des fanatiques ne doit pas être pris en compte dans un raisonnement qui se veut pondéré.
Je peux vous dire que la gouvernance tshisekedienne est la plus médiocre que nous ayons connu jusque-là. Il n’observe aucune qualité managériale dans le chef de monsieur Félix Tshisekedi. Aucune capacité ou encore de capabilité à changer les choses justement par manque de prérequis. Il n’a d’atouts que son nom et éventuellement sa taille.
Notre opposition tant à la résistance justement par souci de garantir la survivance de l’état et surtout de la nation.
IK : La situation à l’Est devient chaque jour plus préoccupante. Que feriez-vous si vous étiez Président de la République ? Que recommandez-vous au gouvernement ?
AB : Cette question vient de consolider ma position sur l’inutilité de ce pouvoir mal acquis.
Il faut reconnaître qu’il s’observe avec moindre effort, qu’il y a un vide de commandement au niveau du pays. Justement parce que celui qui devrait en réalité jouer le rôle de commandant en chef est foncièrement défaillant. Il accuse beaucoup d’insuffisance tant en interne qu’à l’extérieur. Ce sont ces insuffisances qui justifient dans une large mesure l’évolution dégradante de la situation sécuritaire.
Que feriez-vous si… Il faut tout d’abord savoir que la légitimité du pouvoir est un adjuvant essentiel pour gagner une guerre. Il faudrait que le peuple soit en osmose avec les animateurs des institutions. Cela peut jouer en faveur de la diplomatie et surtout des opérations sur terrain.
Il est notoirement connu aujourd’hui que la résurgence de ce que l’on appelle usuellement M23, est la résultante des maladresses de Monsieur Félix Tshisekedi qui voulait habiller son illégitimité et se sécuriser contre son mentor Kabila.
Pour ainsi dire, le mode de dévolution du pouvoir prédispose les institutions à mobiliser le peuple.
IK : Que pensez-vous de l’intégration de la RDC à la communauté des états de l’Afrique de l’Est et de la venue des forces de cette communauté à l’Est de notre pays ?
AB : Je me rends compte que toutes les questions me posées, justifient dans une large mesure ma position.
Il est vrai qu’étant sujet du droit international et par voie de fait, membre de la communauté internationale, nous sommes en droit d’adhérer à des organisations sous-régionales, régionales et même mondiales.
Cependant, cette adhésion doit tout d’abord être motivée par le souci de résorber les problèmes internes du pays et par la suite, conserver les valeurs partagées.
Il est triste de constater que l’adhésion de notre pays à cette fameuse organisation sous-régionale, ne répondait à aucun principe objectif, en dehors de la protection des intérêts d’un individu, président de la République soit-il.
Faut-il rappeler que les objectifs socio-économiques mis en exergue par cette organisation sont foncièrement pareils avec ceux du COMESA? Quelle autre raison en dehors des intérêts de monsieur Félix Tshisekedi qui pouvait justifier cette adhésion précipitée ?
Je crois fermement que c’était un piège que nous a tendu notre propre frère dans le but de favoriser une Balkanisation progressive de notre pays. Il suffit de dresser la chronologie de faits pour vous en rendre compte.
IK : Alain Bolodjwa. Êtes-vous sous le commandement de Martin Fayulu ? Pensez-vous que Fayulu ferait un bon président pour ce pays ?
AB : Mon expérience politique et surtout mes ambitions actuelles font ressortir le caractère injurieux de cette question. Il est indéniable que le Président Martin Fayulu a des pré-requis que monsieur Félix Tshisekedi ne peut y avoir. Il est sûr qu’en tant que tel, Fayulu ferait loin mieux que Félix Tshisekedi.

IK : Avez-vous remarqué une seule action salvatrice de Tshisekedi pour le peuple congolais pendant son mandat. Si, oui lequel. Si non, pourquoi pas ?
AB : La gouvernance calamiteuse de monsieur Félix Tshisekedi n’a apporté que malheur dans ce pays justement parce qu’il n’a pas la capacité nécessaire. Certaines actions séductrices posées par lui, peuvent apparaître salvatrices, mais attention, car elles auront plus des conséquences à la longue. Il péche soit par la fixation des objectifs ou des actions ou encore par les procédés. Il semble être applaudi pour des choses qui relèvent de la compétence du gouvernement national et provincial. Des usurpations de compétences récurrentes, de détournement des fonds publics, des disparités en termes d’actions et motivées par le tribalisme pointu qui le caractérise.
Bref, une gouvernance de prédation
IK : Économiste que vous êtes. Comment analysez-vous scientifiquement en profondeur la situation socio-économique de la République Démocratique du Congo ?
AB : La situation socio-économique devient désastreuse justement à cause des politiques nauséabondes imposées par monsieur Félix Tshisekedi. Ayant développé une vision minimaliste sur l’Etat, il se laisse impressionner par des actions cosmétiques. Il faut reconnaître que le nombre des pauvres s’est accru plus rapidement depuis que Félix Tshisekedi est au pouvoir. Cette pauvreté multidimensionnelle, tend vers la déshumanisation tout simplement. Étant donné que l’indice de prix sur le marché ne fait que dégringoler, la propension à consommer de notre peuple a fortement baissé. L’état congolais est dans une situation de cessation de paiement à cause des politiques contradictoires.
Les détournements, la corruption, la concussion, le délit d’initier, sont les maux mis en surface par ce pouvoir de la honte.
IK : Pensez-vous que Denis Kadima pourra organiser des élections démocratiques en décembre 2023 ? En cas de non satisfaction, quelle sera votre réaction d’opposant ?
AB : La question électorale ne doit pas se résumer en la personne de Kadima, qui déjà, est le symbole de « l’immoralisation » du système électoral. Faut-il rappeler que nous avons institué des élections comme seul mode de dévolution du pouvoir, dans l’idée de mettre fin à la crise de légitimité.
Il est notoirement connu que tout le système électoral est caractérisé par l’illégitimité des animateurs des institutions en charge de l’organisation des institutions. La centrale électorale dont la mission constitutionnelle est de constater la légitimité, la cour constitutionnelle qui a pour mission de constater la légalité de la légitimité, toutes, ont des animateurs illégitimement désignés. Monsieur Félix Tshisekedi s’organise pour conditionner le processus électoral en vue de faciliter la fraude électorale en sa faveur.
IK : S’il fallait choisir en termes de gestion étatique entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi. Qui choisiriez-vous ?
AB : Il est tout de même malheureux de constater que notre opinion se contente de limiter la vie nationale à ces deux individus alors que le pays mérite mieux.
En analysant votre question, on peut comprendre qu’elle tend à nous dire qu’il n’y a que ces deux personnages ou rien ? Comme pour dire, entre Ebola et Corona Virus, vous choisirez quoi ? Ni l’un ni l’autre !
IK : Monsieur Bolodjwa, serez-vous candidat en 2023 ? Si, oui, dans quelle circonscription et à quel niveau ? Si non, pourquoi pas ?
AB : Si la vie des congolais peut s’améliorer sans moi, je ne trouverai pas d’inconvénients.
Je crois par ailleurs, que la candidature n’a de sens que si les électeurs ont le pouvoir de décider en dernier ressort.
Sans nul doute, je réponds au profil et même à l’exigence constitutionnelle et légale de postuler à tout le niveau. Contrairement aux détenteurs de faux diplômes.
IK : Merci d’avoir répondu à notre questionnaire !!