Rencontrant professionnellement le thème 2023 de la Journée Internationale de la Femme, Madame Anaiah Bewa, Sécretaire Général de Africell RDC, a donné de la voix à Grâce N’samu de la Rédaction Interkinois.
Interkinois : Comment voulez-vous que nos lecteurs puissent identifier Madame Bewa?
Anaiah Bewa : Comme une mère, une femme ancrée dans les valeurs chrétiennes, active dans le monde du travail de par mes fonctions de Secrétaire Générale d’Africell, d’Administrateur de Ecobank et de Mentor de la jeune génération dans le milieu associatif.
IK : Vous êtes le profil parfait pour le thème 2023 de la journée internationale de la Femme. Quel est votre lien avec la digitalisation de la femme et qu’est-ce que vous en pensez ?
AB : En effet, je suis une actrice dans le secteur des technologies de l’information depuis plus de 20 ans. J’ai eu le privilège de voir le secteur se développer tant en France qu’en RDC et surtout, devenir le vecteur essentiel de la transformation des sociétés, des économies et des vies.
Depuis lors, j’entretiens un lien particulier avec la digitalisation. En effet, je suis aux services des populations de notre pays dans le secteur des télécommunications par mon travail au quotidien. Ma contribution dans ce secteur consiste, entre autres, d’assurer un environnement réglementaire sain et des politiques publiques progressistes qui permettent la promotion de la digitalisation, ainsi que l’inclusion numérique de tous les femmes et hommes, afin que nous accédions tous aux innovations et aux possibilités infinies qu’offrent le digital.
IK : Femme et digitalisation. Est-ce vous pensez que la femme a réussi à s’accoutumer à l’ère du numérique ? Comment prouver cela ?
AB : Vous savez, la femme a un rôle social capital parce que premier vecteur de transmission des cultures. C’est à juste titre qu’il est affirmé que « éduquer une femme, c’est éduquer une nation ».
Le digital dans notre société impacte autant les femmes que les hommes. Il offre aux deux les mêmes opportunités, les mêmes possibilités. Il est, donc, important de voir la digitalisation comme un outil de transformation de nos communautés, touchant à la fois la femme et l’homme en tant que binôme essentiel du développement économique et social d’une nation.
Aujourd’hui, le digital permet à la femme de marquer son rôle social avec plus d’efficacité, de rapidité et de possibilités. Ce fait découle de la capacité qu’offre le numérique d’aider à échanger les informations, du savoir, des expériences à très grand volume et à une grande vitesse. Le temps nous manquerait de citer des exemples. Et il est un fait, qu’à ce jour, les services de connectivité ont aidé à briser les barrières, à réduire des distances et à apporter à des millions de femmes congolaises, maraichères, commerçantes ou administratives, le pouvoir d’opérer des transactions et d’améliorer le vécu quotidien ; que ce soit dans nos villes et, de plus en plus, dans nos zones rurales.

IK : La situation à l’Est de la RDC est particulièrement difficile pour les femmes qui subissent des violences. Comment peuvent-elles bénéficier de la digitalisation dans pareille situation ?
AB : Les premières solutions dont nos sœurs de l’Est ont besoin sont les solutions de paix avant toute chose. Dans ce contexte particulièrement douloureux, la paix est l’ultime objectif à mettre en exergue et la digitalisation devient un des outils par lequel cet objectif peut être atteint. Comment ? A plusieurs égards : la digitalisation permet d’informer nos sœurs, à elles d’informer sur leurs situations, de les garder connecter avec leurs familles, de faciliter l’orientation de l’assistance vers elles et de sensibiliser au niveau national et international sur leur sort. Aujourd’hui, la connectivité que permet la digitalisation devient un outil essentiel par lequel les moyens de la paix convergent. Notre parcours pour le développement passe par la paix de toutes les femmes de l’Est et de la RDC ainsi que par l’innovation.
IK : Qu’est-ce que le gouvernement peut faire à votre avis pour renforcer la digitalisation de la femme ? De plus, il existe un gap numérique entre Kinshasa et plusieurs milieux ruraux en termes de digitalisation. Comment combler rapidement ce gap afin de faire bénéficier la digitalisation à tous les Congolais de la même manière ?
AB : La difficulté ne concerne pas seulement les femmes, mais toute la population. Aujourd’hui, le plus grand défi de la digitalisation en RDC, vers lequel le Gouvernement et tous les partenaires au développement doivent concentrer leur efforts, sont ce que j’appelle les 4 A: ACCESSIBILITÉ, AFFORDABILITÉ, AUTO-INFORMATION et APPRENTISSAGE.
L’accessibilité physique, matériel, énergétique pour tous : le digital à la portée de toutes les populations, urbaines et rurales, femme et homme.
L’affordabillité est l’accessibilité en terme de coût : du digital à la portée de toutes les bourses grâce à des politiques incitatrices au développement du digital.
L’auto-information par l’éducation et la sensibilisation générale de toute la population sur les vertus et es bénéfices de la digitalisation au quotidien, afin d’en susciter la demande.
L’apprentissage consiste à créer une nouvelle culture par la formation. Le digital est le nouvel alphabet de notre temps. A ce titre, le curriculum national se doit également d’évoluer en conséquence et de s’adapter au monde actuel digitalisé. Cette évolution aura pour effets de susciter des vocations, de créer du contenu local et d’apporter des réponses congolaises à la digitalisation de notre société.
Interkinois : Quel est votre message pour les femmes congolaises en ce mois de la femme ?
Anaiah Bewa : L’innovation et la technologie sont les canaux qui permettent de transformer des vies et d’apporter la paix grâce au partage d’informations, aux partages d’expérience et aux possibilités infinies qu’elles offrent. Donc, j’encourage toutes les femmes à saisir les opportunités qu’apporte le digital à notre épanouissement. Et travaillons toutes ensemble à promouvoir la digitalisation en RDC.
Interkinois : Merci de nous avoir accordé cette Interview