En toute honnêteté, Martin Fayulu compte parmi ces jeunes tonitruants de la politique, capables de braver la furie d’un gouvernement dictatorial. Sous Mobutu, ces jeunes avaient pour noms, entre autres, Jacques Matanda, Joseph Olenghankoy, Valentin Mubake, etc. C’est donc en affrontant le pouvoir passé que le président de l’Ecidé s’est retrouvé avec un œil poché dont la photo fait son honneur sur la toile.
Sorti du néant
Ce faisant, tout le monde – même lui-même – pouvait rêver d’un Fayulu ministre, directeur générale d’une entreprise publique, mais jamais président de la République. En raison cependant de l’exclusion de Moïse Katumbi des joutes électorales de décembre 2018, le moule de Genève a « créé » un Martin Fayulu candidat à la présidentielle. Il faut reconnaître qu’en raison des nombreux forfaits du régime passé, le Congolais se prêtait à embrasser le diable pour sortir du purgatoire.
Voilà qui explique les foules drainées par Martin Fayulu lors de ses déplacements de campagne, à travers le pays. Aujourd’hui on peut déduire que ces bains de foule avaient corrompu sa conscience et son intelligence au point de se sentir déjà à la tête du pays. Ainsi aveuglé, le candidat n’aurait pas pris la précaution d’ouvrir l’œil pour obtenir les détails nécessaires en rapport avec le scrutin. Détails que ses adversaires auraient bien recueillis pour les brandir en cas de nécessité. Des observateurs avertis comprennent donc la réaction de Martin Fayulu lorsque les résultats des élections ne le hissent pas au podium. A peine s’il n’a pas sombré dans une crise d’AVC ; davantage, il perd le nord et envoi sa tête contre tous les murs. A commencer par la Cour constitutionnelle où l’homme et sa défense ne s’inscrivent pas dans la procédure légale. Qu’à cela ne tienne, les juges ont demandé au candidat malheureux d’apporter les preuves de ses accusations. Zéro intégral.
Haine
Les carottes étant bien cuites, l’homme qui se présente désormais sous l’étiquette de Lamuka – et non de son parti Ecidé, désormais dans les placards – imagine une formule de sortie de « crise ». Il crée un organe dont il s’attribue déjà la direction. Preuve que Fayulu court derrière les postes de travail, mais qu’aussi il reconnaît, ipso facto, la nouvelle autorité établie.
Devant le silence observé autour de ses élucubrations, le président de l’Ecidé s’offre un déplacement de consolation en Europe et aux Etats-Unis où il n’a été reçu sous un statut officiel. C’est donc la queue entre les pattes que le président de l’Ecidé a regagné le pays, conscient que son étoile a pali, surtout avec la distance prise vis-à-vis de sa personne par ses « faiseurs » que sont Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba. Heureusement pour lui, Adolphe Muzito, sous couleurs tribales, peut lui prêter ses nombreux militants, transfuges du Palu, qui se reconnaissent en l’ancien Premier ministre.
Comme un serpent dont on a coupé la tête, l’homme vogue à contre-courant au point de verser dans un discours de haine ethnique. Gaspillant davantage ses chances de relance dans la politique au plan national. Je m’interroge s’il sera encore bien reçu dans les Kivu, le Katanga, le Kasaï…comme lors de la campagne passée. Par excès de zèle, je dirais de haine, l’homme s’est ramené à une dimension provinciale. Et même encore !
Embrasser le « diable »
N’est-ce pas le même sentiment qui l’anime jusqu’aujourd’hui ? En tout cas les observateurs avertis étaient surpris de son show avec le pasteur Théodore Ngoy pour réclamer la mise en accusation du président Félix Tshisekedi. Il l’aurait fait seul que les choses se seraient présentées et comprises autrement, que de s’associer avec un avocat dont on présente comme proche du FCC, plateforme politique portant la croix de sa non élection, selon lui.
Pareil comportement l’a livré, à juste titre, à des conjectures l’accusant de coaliser avec le Front commun pour le Congo aux fins de se venger contre Fatshi. Un deal que l’on soupçonne ne pas être innocent ou gratuit. Qu’aurait-on proposé à Martin Fayulu en guise de récompense à ce subterfuge ? Des soupçons enflent renvoient aux premières déductions qui donnent Fayulu quémandeur de postes de travail. En cas de la chute de Fatshi, aurait-on miroité à Martin Fayulu le poste de Premier ministre ?
Pour tout dire, Martin Fayulu court le risque de creuser sa propre tombe politique. Ses conseillers auraient pu l’aider à préparer le rendez-vous de 2023 qui est bien proche. Une échéance bien chaude et serrée en ce qu’elle mettra aux prises les grosses pointures de la politique nationale que sont Félix Tshisekedi, Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba. Dans un tel décor, où serait la place de Martin Fayulu ?
Jossart Tambwe